CORPUS NOSTRADAMUS 222 -- par Patrice Guinard

Les Cahiers Michel Nostradamus (1983-1988)


Les Cahiers Michel Nostradamus, une revue annuelle publiée par l'association lyonnaise des Amis de Michel Nostradamus (fondée le 8 février 1983), n'a connu que 5 numéros : quatre numéros simples (mars 83, février 84, février 85, juillet 86) et un numéro double de 40 pages au lieu des 16 habituelles en 1987-1988, sur un total de 108 pages.

Contenu du numéro 1
- Portrait de Nostradamus attribué à Léonard Gaultier, ca. 1600 (cf. CN 192).
- Polémique entre Jean-Charles de Fontbrune (1935-2010) et le franc-maçon Robert Amadou (1924-2006) (cf. les controverses autour de Nostradamus)
- Recensement des ouvrages et catalogues signalant l'édition d'Amsterdam de 1668
→ Sept catalogues mentionnés jusqu'au XXe siècle, aucun avant 1805 : à comparer à mon recensement de 2012 qui en comprend plus de 120 jusqu'au XXe siècle, dont près de 50 avant 1805 (cf. CN 161)
- Rapport partisan et sans valeur sur la voyance en général, hostile aux travaux de Fontbrune, par un pseudo-laboratoire de parapsychologie au sein de l'université Toulouse Le Mirail (sur 5p.)
→ Ce pseudo-laboratoire d'Yves Lignon ("Ligon" aux Cahiers), assistant en mathématiques sans compétence particulière en herméneutique et interprétation des textes, n'a jamais été reconnu par l'université (cf. les documents universitaires administratifs divulgués par le Cercle zététique).
- Fac-similé de la fameuse Lettre critique sur la personne & sur les Ecrits de Michel Nostradamus d'Étienne Barbazan (non identifié), parue à Paris au Mercure de France en Août et Novembre 1724 (sur 7p.)

Ce premier numéro, sous la direction de Michel Chomarat, est un fort mauvais départ pour la revue, polémique et ostensiblement hostile aux visions futuristes du prophète provençal. Il provoquera une rupture entre la tête éditoriale et Robert Benazra, un chercheur plus ouvert à la réalité nostradamienne. A remarquer que l'arrogant Amadou se targue d'avoir démontré "l'inanité du genre" dont relèveraient les interprétations de Fontbrune (p.2), mais ne soupçonne pas que les interprétations passéistes de l'auteur de la Lettre de 1724 relèvent exactement du même genre.

Contenu du numéro 2
- Portrait tardif de Nostradamus par Louis David, 1716 (cf. CN 171)
- Fac-similé des deux registres d'inscription de Nostradamus à l'université de Montpellier en 1529 (cf. CN 201)
- Supplément de 4 pages, et suite de l'inepte rapport universitaire toulousain (sur 2p.)
- Annonce des Journées Nostradamus à Salon du 30 mai au 2 juin 1985 (et de la publication des actes dans un numéro spécial qui ne verra pas le jour)

Au programme du vendredi, au château de l'Empéri : une table ronde pour une édition critique des Centuries, réunissant, par ordre hiérarchique semble-t-il, Jean Céard, Jean Dupèbe, Michel Simonin, Robert Amadou, Michel Chomarat, E.P.E. Lhez, et Daniel Ruzo. Le public y est "admis à assister" ! Toujours au château le lendemain : un débat sur l'astrologie de Nostradamus, et au centre municipal d'animation culturelle diverses interventions annexes. Le projet d'une édition critique des Centuries n'a pas vu le jour (cf. CN 94), et celui d'une étude sur l'astrologie de Nostradamus a engendré une compilation de textes éditée par Robert Amadou en 1991-1992. En réalité il faudra attendre la publication des travaux du canadien Brind'Amour (1996 et 1993) pour que ces projets prennent une envergure plus satisfaisante. On notera la participation d'un illusionniste dont on peut interroger la fonction. Ces journées d'étude et de débats avaient au moins le mérite d'exister : elles ont depuis été remplacées par des manifestations de rue et défilés festifs, organisés par la municipalité de Salon avec la complicité de la Maison de Nostradamus, mis sous le signe de l'amusement frivole et caressant le poil d'un public maintenu dans l'ignorance de toute recherche sérieuse (cf. CN 165, 2e §).


Journées Nostradamus, Cahiers, p.30 Journées Nostradamus, 1985, brochure

Journées Nostradamus, présentation de brochure, extrait Journées Nostradamus, programme de brochure, extrait

Contenu du numéro 3
- Portrait fantaiste d'un Nostradamus rajeuni par un certain "Aurèle" Billette, "XVIIIe siècle", en réalité un portrait de 14 pouces sur 10 de large, gravé par Mlle Aure Billette et distribué chez Devaux à Paris, d'après un avis du Mercure de France d'octobre 1754 (p.215).
- Texte de Robert Amadou, "Car la nuit sera blanche et noire" (sur 6p.)
→ Au titre : un clin d'oeil au quatrain IX.20 et au titre de l'ouvrage de Dumézil (1984), tancé à l'occasion par plus malin à prétention de regard critique ! Mais l'apport Amadou aux études nostradamiques reste très faible voire négligeable : ses divers petits textes et sermons, publiés ici et là, relèvent plus de l'exercice littéraire que de la recherche véritable ; confiée à sa femme, la reconstitution de l'Almanach Lenoir pour 1561 est défectueuse (cf. CN 153), et seul le recrutement de la latiniste Bernadette Lécureux pour la traduction de la correspondance de Nostradamus est à mettre à son actif.
- Important article de Laurent Guillo sur les "Privilèges d'Almanachs lyonnais" d'après le fonds de la sénéchaussée des Archives départementales du Rhône (sur 4p.)
- Fac-similé et reproduction de la traduction par Marcel Gouron de la lettre et ordonnance de Nostradamus donnée à Béziers en 1559 (cf. CN 122)
- Droit de réponse de Fontbrune qui me semble jouer en sa faveur et démasque la mascarade pseudo-rationaliste fort maladroitement intentée à son encontre.

Contenu du numéro 4
- Article de Chomarat, "Les lectures de Nostradamus" (incluant Duns Scot, Alchabitius et Confalonerius), ébauche d'un recensement plus substantiel paru en 1997 dans Nostradamus ou le savoir transmis (sur 8p.)
- Répertoire géographique des Centuries comprenant 265 noms de villes, régions, pays et peuples et une répartition sur carte des villes françaises, établi par Robert Benazra (sur 6p.)
→ Sans grande surprise pour le lecteur familier des Prophéties, les peuples les plus récurrents sont les Gaulois, Celtes et Arabes ; les pays : FRANCE, ESPAGNE, ANGLETERRE, GERMANIE, ITALIE et GAULE ; les villes : Lyon, Rome, Byzance, Venise, Gênes et Narbonne ; et un fleuve : le Rhône.
- Signalement de l'association éphémère Le cercle Nostradamus, fondée fin 1953 ou début 1954 par le Dr Max de Fontbrune, Francis Rolt-Wheeler, Alexandre Volguine et quelques autres.

Contenu du numéro 5-6
- Fac-similé de La premiere invective contre Monstradamus (1557) du pseudo Hercules le François (cf. CN 57)
- Fac-similé de l'Almanach pour l'an 1566, de Nostradamus, d'après l'exemplaire de la bibliothèque médicale Osler à Montréal.

Au final, l'ensemble du travail effectué par toute une équipe de spécialistes reste assez médiocre. Les projets annoncés n'ont pas vu le jour. La ligne éditoriale Chomarat/Amadou n'a mené à aucun résultat déterminant. La publication de fac-similés peu connus reste louable, mais la transcription, l'appareillage critique et la recherche des sources est d'une tout autre difficulté. L'association finalement a été dissoute en raison des désaccords entre les partisans d'une herméneutique compréhensive de l'oeuvre du voyant provençal dans la lignée de Daniel Ruzo (dont Benazra), et la double-tête éditoriale, académiste si ce n'est académique (dont Dupèbe seul a publié un ouvrage relativement estimable quoiqu'insatisfaisant sous l'angle astrologique que l'universitaire ne maîtrise pas, contrairement à Brind'Amour) et quelque peu polémiquement anti-prédictif (cf. le procès intenté à un Fontbrune pour de mauvaises raisons).


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Patrice Guinard: Les Cahiers Michel Nostradamus (1983-1988)
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31-01-2018 ; updated 02-02-2020
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