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Mythanalyse de l'affaire Teissier
(De l'anecdote au mythe)
par Illel Kieser 'l Baz


Note: Pour les autres articles concernant la thèse Teissier, voir: "L'affaire Teissier"
 

     Le 7 Avril 2001 la Sorbonne devient l'épicentre d'un scandale qui va secouer - le temps d'un battage médiatique - le monde des sciences humaines. Ce jour là, Elizabeth Tessier soutient une thèse de doctorat : "Situation épistémologique de l'astrologie à travers l'ambivalence fascination/rejet dans les sociétés post-modernes" sous la direction de Michel Maffesoli.

     La polémique initiée par cette soutenance éveille en nous différentes réflexions. Il n'y eut rien d'illégal dans cette soutenance, le jury a rendu son avis en toute sérénité. Il importe assez peu de savoir que cette dame ait soutenu ou non une thèse, même si le contenu peut choquer quelques rationalistes dogmatiques. Les universités déclarent des travaux de thèses qui sont à peine du niveau d'un mémoire de maîtrise. Cela n'est pas nouveau. On sait que la méthodologie de la recherche n'est pas le point fort des thèses de sciences humaines. Parfois l'abondance de statistiques masque mal la pauvreté méthodologique. Comme si le chiffre rapprochait de la science, le mot seul de la morale ou de la philosophie. Habituellement tout cela se passe de manière feutrée dans les arrières salles grisâtres des établissements de l'enseignement supérieur.

     D'autre part ce n'est pas la première thèse centrée sur l'astrologie. Il suffit de relire les références que Jacques Halbronn [1]  pourrait nous donner pour prendre conscience que " l'affaire " n'est pas nouvelle.

     Mais la dame est un personnage très médiatique qui ose déclarer : " Redonner ses titres de noblesse à l'astrologie, enseigner cet art à la Sorbonne : voilà pour quoi je lutte ! " déclare Elizabeth Tessier sur son site. En somme cette soutenance serait pour elle un cheval de Troie, un palier dans une stratégie à plus long terme.

    Pour ses adversaires, qui ont bien compris le propos, il s'agit d'une injurieuse régression de la science, un précédent mais aussi une insolente provocation. Ainsi Alain Bourdin s'insurge-t-il : " Il s'agit de créer un événement qui se veut le point de départ d'une légitimation de l'astrologie par l'université et qui entre dans la construction de l'image personnelle d'une astrologue." [2] Il y a dans les propos ci-dessus tous les ingrédients d'un malentendu. Et chacun des interlocuteurs semble en être totalement dupe.

     S'il s'était agit d'une autre personne, un obscur chercheur en ethnologie, étudiant de manière méthodique et complète un système qui, tombé un temps en apparente désuétude, serait réapparu dans le champ de la culture, la polémique aurait-elle était aussi vive ? Assurément non !

     L'affaire, amplifiée et relayée par les " médias " porte bien plus sur l'image que sur le contenu. Et Alain Bourdin le sait bien puisqu'il s'attaque à " l'image personnelle d'une astrologue ".

     E. Teissier, par ailleurs, tout en s'efforçant de montrer sa bonne foi scientifique par abondance de chiffres, s'empêtre par empressement en affirmant vouloir enseigner cet " art " à la Sorbonne - encore une image, un emblème. Mais de quelle branche artistique s'agit-il ? De peinture ou bien de poésie ... ? D'un art divinatoire, chacun l'aura compris, bien entendu. Il n'y aurait donc aucun inconvénient à ce que cela soit transmis à travers des études d'ethnologie ou d'anthropologie. Il n'y a pas de quoi fouetter un chat. Nombreux sont ceux qui apprennent ainsi la divination de la Chine antique, ou la géomancie africaine... Personne ne s'insurge de ce que la Psychanalyse soit enseignée dans de nombreux cursus de sciences humaines. Or, il faudra nous dire ce que la Psychanalyse a de plus scientifique que l'Astrologie [3]. En tant que production de l'esprit humain, l'Astrologie est un objet scientifique, un objet du savoir. Nous ne voyons pas ce qui pourrait aller contre un tel avis.

     Si l'affaire est importante, c'est qu'elle touche certains emblèmes, ceux d'une culture, d'une société voire d'une représentation du monde. Pour certains, la menace est de taille. Mais sommes-nous bien alors dans le champ de la raison?
 

Notre positionnement

     Afin, précisément, d'éviter d'entretenir le malentendu, nous devons situer notre positionnement. Nous tenterons de montrer que, dans cette affaire, les acteurs se placent, souvent sans le vouloir, au plan du mythe [4]  et non de la raison, même si leur vocabulaire se réclame de la science. C'est pourquoi nous sommes bien plus dans le registre de l'émotion que de la raison. Il n'est pas question de dénoncer que cela se passe ainsi mais bien plus d'observer le phénomène et d'émettre des hypothèses pour comprendre d'où il vient, ce qu'il est et, pourquoi pas, où il va. Notre registre sémantique reprend des éléments de l'histoire des religions et de l'histoire des mythes mais nous empruntons de nombreux concepts à la psychologie et, plus particulièrement, à C. G. Jung - auquel se réfère d'ailleurs E. Teissier. Nous avons lu la thèse d'E. Teissier. Nous devons reconnaître qu'elle ne nous apprend rien de neuf. Nous ne nous situerons donc pas sur le plan du contenu même s'il a beaucoup à en dire et durant longtemps. Par contre nous tenterons de rendre compte de la présence ici de deux mythes : celui de la science, de sa toute puissance et celui auquel l'Astrologie renvoie. L'astrologie serait ici à entendre comme une sorte d'emblème d'une tendance dans la culture qui cherche soit à naître soit à retarder son agonie.
 

La science et le mythe, les débuts d'une polémique

     Le sujet de thèse d’E. Teissier, le développement de ses idées, leur contenu révèlent quelque chose que l’on retrouve dans toutes les revues d’astrologie qui veulent afficher un semblant de sérieux... Edgar Morin a déjà tenté de dénoncer le " Retour des astrologues ". Dès 1986, Henri Atlan, de son côté, élargit la critique du mythe en s'attaquant à C. G. Jung qu'il tient pour un profanateur de la science.[5]

     Atlan dénonce fort à propos les différentes impostures qui auraient la prétention de se présenter comme des recours modernes. Son repérage des différents courants de pensée est précis, exhaustif - autant que la chose est possible actuellement - et sa démonstration fait preuve d'une netteté rare pour une oeuvre d'épistémologie. En outre, le prestige de l'auteur apporte un surcroît de sagesse à un travail très vaste. Pourtant, si l'auteur intègre parfaitement le discours psychanalytique freudien, il se livre à une critique fort habile des thèses jungiennes et des travaux des continuateurs de Jung, notamment ceux de Pierre Solié [6] . C'est, semble-t-il, le meilleur ouvrage de critique de l'oeuvre de Jung qui ait été écrit jusque-là et qui apporte au freudisme une caution scientifique que nous avions cru impossible. La thèse d'Henri Atlan est claire, quoique séduisante et partielle malgré les garanties du contraire.

     En fait l'auteur nous dévoile la manière dont il envisage les fondements du mythe, avec, pour seul recours contre les archaïsmes, la Science. Il expose des vues tout à fait partisanes et réductrices sur le mythe, n'en récupérant que ce qui paraît accessible au regard de la science, de l'analyse historique ou de l'explication rationnelle. Le reste, rejeté dans les oubliettes de la fabulation ou de la mystification, est classé comme pure spéculation. Il est donc clair que l'imaginaire d'une société doit être assujetti à la science.

     Ses rappels des textes bibliques servent parfois de support à la glose et donnent une vague impression d'oecuménisme. Mais cela fait partie des modes de la littérature scientifique. Ainsi, " la vérité poussera de terre " [7]  et, si nous suivons bien, la paix aussi. C'est là un rappel heureux, l'homme devant accepter que sa recherche de vérité passe par l'exploration du sol avec ce que la métaphore peut laisser peser comme sens. La vérité ne tombe pas du ciel mais se découvre et se dévoile progressivement au regard de celui qui veut bien la chercher. L'auteur nous compose une sorte de poème mystique dédié à la Vérité, mais, en même temps, il cherche par tous les moyens à atténuer la partie poétique de son propos comme s'il sentait bien le pouvoir de séduction et de fascination qu'exerce la nudité de la Sophia. La tête peut-elle rester froide ? Le regard qui se porte sur la Sagesse éternelle la laisse inchangée, immuable et fixe comme la vierge surgie du sol, s'élève vers le ciel dans son assomption divine. Et Atlan finit, à son insu, par aller à l'encontre de sa propre démonstration : il révèle un emportement mystique alors qu'il propose de passer toute forme de système au crible de la science. Atlan met une forme de science en critique, essayant de réconcilier les valeurs fondamentales issues de la Torah avec la psychanalyse. L'oeuvre reste au plan de la logique formelle, la poésie étant contenue dans des arrière-plans que le discours ignore. Car dans la poésie s'exprime parfois l'emphase religieuse et le fait religieux est psychologique or si le religieux veut embrasser l'universel, le psychologique se veut et se croit souvent au-delà du religieux. Au prix bien souvent de pures spéculations vides de sens, sans autre intérêt qu'un exercice de logique formelle - quand cela réussit à soutenir la rigueur d'un raisonnement logique.

    Henri Atlan analyse ainsi un certain nombre de systèmes réputés cohérents. Au terme de tous ces détours surgit la Science, toujours la même. On arrive alors à croire que Tout est explicable et on atteint le but inverse qu'on s'était fixé. A vouloir vitaliser la psychologie en la hissant hors des dogmatismes d'école et des échafaudages intellectuels, on finit par prétendre expliquer jusqu'au mystère de l'être. Tout s'explique, chacun y met de sa science, même les astrophysiciens ; alors le mystérieux frappe là où notre raison est viciée, là où réside l'ombre de nos prévoyances, de nos sécurités et de nos certitudes. Ce n'est pas tant l'explication sur toute chose qui peut gêner, c'est bien plutôt de laisser croire la disparition de toute forme de mystère qui constitue une imposture. Au nom de la science, Henri Atlan ne se rend pas compte qu'une telle visée est précisément celle de toute religion : répondre aux grands mystères de l'être, englober tous les mystères dans une seule et même cohérence. La fin du XXe siècle offrait un spectacle " charmant " si l'on compare les théories scientifiques et les dogmes religieux. Tous les discours cohabitent, des plus archaïques aux plus avancés. Le sauvage, primitif et rude sous son habit de citoyen, côtoie les germes du futur, dispersés chez quelques individus qui, très souvent, ignorent eux-mêmes qu'ils en sont porteurs. Comment concilier tous ces discours puisqu'ils se nient les uns les autres et que cette négation garantit la sécurité de chacun ? Science et religion sont à présent aussi étrangères l'une à l'autre qu'un iceberg le serait à un champs d'oliviers. Mais cette " chose " mystérieuse qui sait si bien exploiter les techniques de l'Homo Habilis n'a de cesse d'englober et de rationaliser tous les mystères, fondant chaque jour de nouvelles générations de dogmes et de certitudes qui durent le temps des roses sans en avoir ni les charmes ni les parfums. La Vérité, comme une maîtresse offensée, semble se détourner de son ancien amant que l'angoisse étreint désormais. L'Homme blanc a perdu sa religion et sa science fait pâle figure devant l'univers. L’astrologue profite alors bien souvent de cette brèche psychique pour proposer un horizon. Mais son discours manque bien souvent de précision. Il serait intéressant – de ce point de vue – de faire une analyse sémantique de la consultation astrologique, la comparant à d’autres consultations, psychologiques, par exemple.

     La science veut régner sans partage! Depuis les discours "scientifiques" se sont radicalisés. Les neuros-sciences, sûres d'elles-mêmes ne souffrent aucune contestation. Même la psychanalyse est balayée.
 

Science et toute puissance

     L'époque moderne a voulu enterrer les vieux mythes traditionnels au nom du triomphe de la raison et de l'esprit scientifique. Et de nombreux scientifiques affirment que cela est éternel et universel. Nous sommes en pleine mythographie, dans le monde du dogme pas de la science qui doute, qui vérifie.

Tout n’est pas clair, il existe une face d'ombre cachée dans l'univers. Nous ne pouvons contourner cette vérité, même si nous la reléguons dans les limbes de notre conscience. En enterrant les vieux mythes, nous avons aussi détruit les bases morales sur lesquels ils reposaient. Ils ne peuvent donc plus exercer aucun contrôle moral. Le bien et le mal existent toujours mais avec moins d'acuité, puisque les hommes ne croient plus au maléfice du mal. En croyant avoir enterrer les mythes nous avons libéré, sans le savoir, des pulsions violentes, destructrices et effrayantes. Des régimes totalitaires se réclament de mythes n'ayant aucune base ontologique. L'Homme a cherché à donner à la déraison la plus ignoble une expression rationnelle et scientifique, soutenue par une vision du monde universaliste, enseignant la soumission à des valeurs dont il reste à prouver qu’elles demeurent dans l’idéal de l’Humanisme. Là où l’on croit le monstre mort, le voilà possédant notre conscience.

La raison et le fétichisme cohabitent puisque les hommes doutent de l’universalité de la science. Et certains tentent de donner aux nouveaux fétichismes une expression scientifique. Mais ils le font sans avoir toujours à l’esprit le risque social que l’on court en chevauchant des figures mythiques.

     La volonté, de faire reculer sans cesse, les limites du progrès scientifique et médical n'a pas fait disparaître toute violence ou sauvagerie. L'homme est double, à la fois bête sauvage et intelligence mais nous voulons ignorer notre part d'ombre. Il peut arriver cependant que la bête même oubliée explose en un déchaînement de violence. Les nouveaux mythes ont une dimension prophétique, qu'il s'agisse de la chasse aux puissances du mal, ou de la transplantation d'un coeur de Babouin, chez une petite fille en Californie.[8]

     La société actuelle est une société du doute en raison de la crise des valeurs et des institutions. Le risque est grand de nous laisser séduire par le vertige d'un monde que l'on croit en pleine décomposition. La redécouverte de la foi au travers des Evangiles, du Coran, des nouvelles religions ou de la consultation de l'oracle devient un expédient facile. Sans ce recours, le plus souvent fétichiste, nous n'avons plus ni espoir ni référence pour construire le monde de demain. L'émergence de l'Astrologie comme fait de société, appartient à ce mouvement. Mais l'Astrologie n'est pas seule, elle est accompagnée le plus souvent de rituels bien plus complexes où les " thérapies " holistiques tiennent une place importante. Cela E. Teissier l'a bien repéré en associant l'émergence " exponentielle " de l'astrologie aux mouvements holistiques des années 60.

     Si la science est devenue toute puissante, osant affirmer que tous les mystères de la Nature lui sont accessibles, dans la réalité quotidienne, le doute subsiste, l'expérience des outrances et des erreurs des "experts" conduit au contraire à un retour aux superstitions. La science ne permet à personne d'avoir une vision cohérente du monde et de l'univers. Or cela est fondamental pour l'être humain. Mais le problème est d’ordre moral !

     L'astrologie, en offrant à quiconque une vision complète et cohérente du monde, du présent et du futur, s'inscrit dans le sens de l'émergence d'un mythe de la totalité. Là où la science ne dit rien, l'Astrologie répond ! Il s'agit bien entendu d'un phénomène propre aux sociétés " occidentales ". En Chine, par exemple, le recours à l'oracle fait partie de la vie. Il n'est pas un phénomène compensatoire. La construction d'une maison est précédée par la consultation scrupuleuse d'un spécialiste du Feng Shoui.
 

Il est question d'un mythe

     De part et d'autre de la barrière définie par la science et le mythe, l'émotion, le pathétique l'emportent. Et si nous voulons demeurer dans la mesure et le discernement, nous devons progresser avec un surcroît de prudence.

     Depuis plus de 70 ans les sociétés " post-modernes " doivent faire face à une crise des idéologies. C'est dans les années 30 que les premiers signes d'une dérive apparaissent. Et cela fait suite à une crise économique, qui laisse des traces dans notre histoire, rendant le terrain propice à une résurgence des discours apocalyptiques, universalistes et prophétiques [9]. Mais dès les " années Révolution " avec le Messmérisme, surgissent les premiers signes d'une révolution culturelle rampante. Celle-ci donnera plus loin naissance à la Psychanalyse et, plus tard, aux théories "holistiques".

     L'émergence de la psychanalyse coïncide avec les découvertes de la neurologie. Au moment où la science croit pouvoir tout expliquer de l'âme humaine, surviennent Janet, Freud et Jung. Mais, beaucoup l'oublient, dans le même temps Blavatsky importe le Yoga et Papus invente ce qui se transformera plus tard en thérapie à médiation corporelle...[10]

     Le mythe et la Science se contaminent. Si nous relisons l'Histoire nous constatons qu'il en va ainsi depuis l'aube de cette tranche d'humanité à laquelle nous appartenons. Là où la Science est toute-puissante, le mythe surgit, tout aussi fort, dans la nuit de la conscience.

     E. Teissier, dans son empressement à privilégier l'Astrologie, l'ignore complètement. Associant la " croissance exponentielle de l'audience en faveur de l'Astrologie ", elle esquive les ressorts de l'histoire récente du mouvement des idées. " L'indice d'écoute de l'Astrologie " n'est pas indépendant de la crise des mentalités qui agite notre monde depuis longtemps. Ignorant la part qu'elle prend dans la dynamique d'installation du mythe, E. Teissier ne peut se plaindre du "harcèlement" qu'elle subit [11]  ni de la tempête qu'elle a déclenchée.
 

E. Tessier dans le piège

     À trop vouloir prouver que l'Astrologie est digne de l'intérêt de la science, E. Teissier est tombée dans le piège qu'un Michel Maffesoli iconoclaste a souvent évité. Ce n'est pas en bourrant le lecteur de chiffres et de statistiques que l'on tient un discours scientifique. De ce point de vue la critique est facile pour les tenants de la Raison dogmatique. On ne peut expliquer la présence du mythe par la Raison, encore moins la statistique.

     Parce qu'elle est célèbre, comme astrologue, E. Teissier ne peut crier son innocence, sa bonne foi. En touchant au masque du dieu vivant, on se condamne à une punition prométhéenne. S'insurgeant contre la toute puissance de la science, elle propose la toute puissance de l'Astrologie... qui peut tout expliquer. On est dans le même mythe, celui d'un dieu unique et central...
 

En guise de conclusion

     Qu'E. Teissier ait été un personnage très médiatisé durant les années Mitterrand accroît la charge émotive, les passions engagées dans le débat. De ce point de vue, notre auteur aurait pu se servir de la puissance suscitée par sa provocation pour relancer le débat sur la place des sciences humaines.

     On ne peut pas dire que la sauvegarde de la Raison soit au centre de la polémique. Nous pensons que cette soutenance de thèse a ravivé une vieille querelle qui couvait mais qui ne trouvait plus de moyens pour s'exprimer. Ce drame de la maison Sorbonne s'alimente d'abord aux sources de la détresse née face à l'impossibilité pour quiconque d'avoir une réponse pour tout.

    La science et l'astrologie se présentent comme des recours puissants qui peuvent à tout moment apporter une réponse cohérente qui donnent à l'individu une explication pour tout phénomène.

    Quand nous parlons de science et d'astrologie nous évoquons surtout la pratique de l'une et de l'autre et du pouvoir que cette pratique exerce sur les foules par médias interposés.

     L’expert brille par la puissance de son statut de savant. L’astrologue fascine par l’image de celui qui sait là où nul n’a de réponse. L’expérience, le décryptage minutieux des pratiques des uns et des autres, dans le temps montrent qu’il ne s’agit toujours que de vérités, éphémères pour la science, fascinantes pour l’astrologie.[12]

     Évoquant la toute puissante d'un savoir ou d'une divination, situant leur utilisation du côté de la religion, nous disons aussi qu'il doit bien exister un pouvoir pour celui qui " médiatise " ainsi les puissances sacrées d'une époque. Il n'y a pas que harcèlement ou scandale. Les orfraies n'annoncent pas toujours une vertu perdue.

Que l'on soit officiant de Prométhée ou d'Hermès, la fonction confère un pouvoir mais un pouvoir d'image seulement!
 

Bibliographie sommaire

  - Henderson, Joseph L., "Les mythes primitifs et l'homme moderne", in L'Homme et ses symboles. C.G. Jung, Robert Laffont, 1964. pp 104-157.

- Mircea Eliade, Le mythe de l'éternel retour, Coll. Idées, Gallimard, 1985.

- Mircea Eliade, Images et Symboles, Gallimard, 1952.


[1]  - Comme historien de l'Astrologie. « Texte

[2]  - La sociologie, l'antithèse de Teissier, in le quotidien Libération du 19 avril 2001. Alain Bourdin est professeur à l'Institut français d'urbanisme, Université de Paris-VIII, laboratoire de théories des mutations urbaines, CNRS. « Texte

[3]  - Voir notre ouvrage, Inanalyse - le Déclin de la Psychanalyse en Occident, Lierre & Coudrier, Paris 1989. « Texte

[4]  - Pour ce qui est du mythe, nous renvoyons le lecteur aux travaux de C. G. Jung, à ceux de Marie Louise Von Franz sur les mythes, les légendes et les contes. Cf. bibliographie générale sur le site Hommes et Faits. Il faut bien comprendre que le mythe, loin d'être une élaboration sans fondement et inutile, représente en fait la dynamique d'une culture ou d'une civilisation. « Texte

[5]  - Intercritique de la Science et du Mythe, Éd. du Seuil, 1986. « Texte

[6]  - Voir notre bibliographie générale sur le site Hommes et faits. « Texte

[7]  - Ibid, p.351-352. « Texte

[8]  - L'événement doit dater de 1989. Il vaut pour concevoir les outrances de la science et les envisager comme des faits à teneur religieuse plus que rationnels. « Texte

[9]  - Nous faisons référence aux travaux de Norman Cohn qui sut étudier comment ces discours surgissent dans des moments de crise économique et idéologique. Voir nos travaux sur l'ouvrage Démonolatrie et sorcellerie au Moyen âge de Norman Cohn, in faculte-anthropologie. « Texte

[10]  - Pour en savoir plus, relire l'Encyclopédie des mystiques de Marie-Madeleine Davy, éd. Seghers, 1977. « Texte

[11]  - In " On a tout essayé ", sur France 2, en mai 2002. « Texte

[12]  - Nous ne nous situons pas d'un point de vue moral ou religieux mais plutôt technique, pratique. En effet, il faudra bien nous expliquer pourquoi le Yi King et la Géomancie "marchent" aussi sans qu'il y soit question de la position exacte d'une planète à un moment donné. C. G. Jung et W. Pauli ont déjà répondu mais leur travaux n'ont pas été poursuivis. « Texte
 


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Illel Kieser 'l Baz: Mythanalyse de l'affaire Teissier
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