CORPUS NOSTRADAMUS 235 -- par Patrice Guinard

Nostradamus a vu le jour et l'heure exacte de son trépas


"Que le temps de son trespas luy fut notoire, mesmes le jour, voire l'heure, je le puis tesmoigner avec verité." (Chavigny, Janus Gallicus)


Nostradamus, depuis plusieurs années atteint de la goutte, évoluant en hydropisie, est décédé de complications cardio-pulmonaires le mardi 2 juillet 1566 vers 3 heures du matin à son domicile, dans son année climatérique, le jour de la visitation Notre Dame, et à la pleine lune. Le thème astral présente une configuration particulière puisque Neptune et le Soleil encadrent le point ascendant à l'Est, et Uranus et la Lune le point descendant à l'Ouest. Les quatre planètes sont opposées deux à deux, chacune siégeant au milieu de l'un des quatre signes solsticiaux, et deux à deux en position symétrique par rapport à Jupiter au Fond du Ciel.

 
Thème du trépas de Nostradamus ; Nostradamus Time of Death, chart
 
Il est possible que le médecin béthunois Federic Jamot ait pensé à Nostradamus en 1567 quand il notait dans sa traduction du Traité de la Goutte du médecin byzantin Demetrios Pepagomenos que "ceux qui sont tourmentez de ce mal, prognostiquent le plus souvent le changement des temps, tellement qu'ils portent avec eux un almanach qui leur sert pour toute leur vie." (Traicté de la Goutte, Paris, Philippe Gautier de Roville, 1567 ; cf. Du Verdier, 1585, p.335-336).

Nostradamus avait établi son Testament le 17 juin au jour de la nouvelle Lune, anticipant son décès au demi-mois lunaire suivant, le jour de la pleine lune.

Chavigny, qui écrit qu'il est tombé malade vers le 24 juin et qui l'avait assisté dans ses derniers jours, note qu'il décéda "le second de Iullet 1566 peu devant le Soleil levant [vers 3 heures du matin en été à Salon], passant icelle arthritis [terme latin pour désigner la goutte] en hydropisie, qui au bout de huit jours le suffoqua", ajoutant que le jour et l'heure de sa mort lui étaient connus : "Me souvenant tresbien que sur la fin de Iuin, ladite année, il avoit escrit de sa main, aux Ephemerides de Iean Stadius, ces mots Latins, HIC PROPE MORS EST. C'est à dire, 'Icy proche est ma mort'. Et le jour devant qu'il fist eschange de ceste vie à l'autre, luy ayant assisté bien longuement, et sur le tard prenant congé de luy jusques au lendemain matin, il me dist ces parolles, 'Vous ne me verrez pas en vie au Soleil levant'." (Janus, 1594, p.4)

Un témoignage similaire figure chez Louis de Pérussis (1524-1584), un cousin "sans" alliance de Madeleine (l'aînée de Nostradamus) avec Claude de Pérussis dont le père François avait empêché le mariage (cf. CN 131) : "Le mardi 2 jour de Juillet, Michel Nostradamus, ce fameux pronostiqueur, mourut à Salon de Craux avec de vrais sentimens de chrétien, & après avoir fait ouvrir lui-même son tombeau, fit faire ses propres funerailles un jour avant sa mort." (Louis de Pérussis, dans la suite manuscrite récupérée par Peiresc (ms Carpentras) du Discours des guerres de la Comté de Venayscin & de la Prouvence, dédié à Fabrice de Serbellon (Avignon, Pierre Roux, 1563) ; in Charles de Baschi d'Aubais et Léon Ménard (eds), Pieces fugitives pour servir à l'histoire de France, Paris, Claude Herissant, vol. 1, 1759, p.82).

Dès le début de l'an 1562, Nostradamus avait vu le jour précis et l'heure exacte de son décès. En effet, le 18 mars 1562, peut-être à 3 heures de l'après-midi, il présente chez son notaire Joseph Roche un ensemble de pièces d'or dont le montant n'est pas spécifié, et qu'il déclare vouloir léguer à sa femme Anne Ponsarde en incluant dans la transaction son frère cadet Jean de Nostredame et le notaire lui-même qui, avec elle, devaient se partager une feuille de parchemin à trois parts inégales (cf. CN 178). Cet acte est dressé dans la journée, à exactement 1566 jours et demi du moment de son décès, survenu le 2 juillet 1566 vers trois heures du matin, et au milieu de l'année 1566. Sans doute une coïncidence un peu trop fine pour la gent enfarinée pseudo-scientiste.

Au début de l'année 1564, Nostradamus prépare son Almanach pour l'an 1565 et anticipe ceux des deux années suivantes. Ce seront ses trois derniers almanachs (et aussi ses trois dernières publications) car il choisit de ne plus publier de Pronostication parallèle contrairement aux années précédentes. En outre il refrancise son nom (Michel Nostradame au titre et non plus Nostradamus) et préconise pour ces trois textes une organisation commune : l'Almanach pour 1565 sera publié avec un calendrier comme à l'habituelle, celui pour 1566 avec deux calendriers, et celui pour 1567 avec trois calendriers. Les séries de quatrains les accompagnant passent d'une versification décasyllabique à une versification en alexandrins : le quatrain pour l'année en alexandrins et les autres décasyllabiques dans l'Almanach pour 1565, tous en alexandrins dans l'Almanach pour 1566, le quatrain pour l'année décasyllabique et les autres en alexandrins dans l'Almanach pour 1567 (cf. CN 220, CN 233 et CN 234). Cette structure triadique et symétrique, incluant en sus une troisième chronologie à l'almanach central (celui pour 1566) qui complète les deux chronologies exposées dans la préface à Henry au second livre des Prophéties, a été imaginée par Nostradamus plus de deux ans avant son décès.

Nostradamus a encore laissé quelques indices dans ses derniers almanachs : au moins dans trois autres.

Le dernier vers du quatrain de Juillet 1563 (marqué "IVEILLET" pour "je veillais" ?), soit trois ans avant son décès, "La fin de Iuing le fil couppé du fus", donne un premier indice. Le dernier terme désigne tout aussi bien le fût ou le tronc de la vie commune que le protagoniste qui s'y rattache : le moi qui "fus" et qui ne sera plus (CN 211).

Au calendrier de l'Almanach pour 1566 pour la pleine lune du début juillet, Nostradamus transcrit une curieuse formule, "Estrange transmigration", qui confirme ses convictions spirituelles. En outre l'heure mentionnée (trois heures) est inexacte, contrairement aux autres données du calendrier. La pleine lune a lieu à 23h50 environ et non à 3 heures : un subterfuge par lequel il indique le jour et l'heure exacte de son décès (cf. CN 230).

Au quatrain de Novembre 1567, Nostradamus décrit en trois vers sa propre mort, entouré de sa famille et de ses frères et gisant "pres du lict & du banc". Chavigny confirme que Nostradamus ne voulait pas s'aliter durant la dernière semaine de ses souffrances. Le premier vers décrit l'origine de son décès, ou tout au moins les circonstances qu'il estime en avoir été la cause : son périple en Provence, tenu d'accompagner la cour jusqu'à Arles du 18 octobre au 16 novembre 1564, soit exactement trois ans avant la datation du quatrain (cf. CN 143 et CN 234).

Enfin aux derniers présages journaliers du même almanach, Nostradamus indique clairement, et à trois reprises, le terme de son activité oraculaire : "Ne verra la fin de l'an" (...) "Deo quae cont(r)aria sunt, non vaticinanda", et "La mort donnera empeschem(ent)" avec en vis-à-vis l'heure exacte de sa mort : "14 h 50" post meridiem, c'est-à-dire 2 heures 50 au matin ! (cf. CN 238 et CN 244).

Avec le nombre TROIS, systématiquement mis en avant dans ces indices (et qui est l'un des 3 nombres clés de son Testament ; CN 176), Nostradamus aura laissé une série concordante et hautement concluante pour qui sait comprendre et accepter sa numéro-logique.

Cochabamba, 19 de febrero 2019.
 

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Patrice Guinard: Nostradamus a vu le jour et l'heure exacte de son trépas
http://cura.free.fr/dico8art/1902mors235.html
19-02-2019 ; updated 04-04-2020
© 2019-2020 Patrice Guinard