Nostradamica

CORPUS NOSTRADAMUS 177 -- par Patrice Guinard
 
Les pièces de l'héritage : Un dispositif de codage du nombre de quatrains prophétiques
 

"Psychologiquement, l'homme ne peut pas trouver ce en quoi il ne croit pas, et encore moins ce dont on lui a appris à douter."
(Daniel Ruzo, Le Testament de Nostradamus, 1975)
 

Peu de temps avant son décès, Nostradamus déclare disposer de la somme de 3444 écus et 10 sous (cf. Testament, 24) : "lesquelz a exhibés & monstrés realement en presence des tesmoings soubz nommés es especes cy apres especiffiees. Premierement en trente six nobles à la rose, ducatz simples cent & ung, angellotz septante neuf, doubles ducatz cent vingt six, escuz vieulx quatre, lions d'or en forme d'escus vieulx deux, ung escu du roy Loys, une medailhe d'or vallant deux escus, florins d'Allamaigne huict, imperialles dix, marionnettes dix sept, demy escutz sol huict, escus sol mille quatre centz dix neuf, escutz pistolletz douze centz, /11/ troys piesses d'or dictes portugalenses vallans trente six escutz".

Une telle énumération de monnaies diverses ne peut que surprendre le lecteur : 1200 écus pistoles [écus espagnols] sont comptés, mais aussi -- précisément -- 1419 écus sols (non pas 1400 ou 1420), et 101 ducats ! Ces nombres, comme l'a partiellement montré Daniel Ruzo, dans son article de 1962 puis dans son ouvrage de 1975 (traduit en 1982), se rapportent aux décomptes des quatrains parus dans les éditions successives de son oeuvre prophétique.
 

les pièces, Testament de Nostradamus, 375 E 676, 511v, Guinard
 

36 nobles à la rose
101 ducats
79 angelots
126 double ducats
4 vieux écus
2 lions d'or en forme de vieux écus
1 écu du roi Louis
1 médaille d'or valant 2 écus
8 florins d'Allemagne
10 impériales
17 marionnettes
8 demi-écus sol
1419 écus sol
1200 écus pistoles
3 portugaises valant 36 écus
 

Les 101 ducats et les 126 doubles ducats se rapportent immédiatement aux 353 quatrains de la première édition, parue chez Macé Bonhomme en 1555 (101 + 126 + 126 = 353), et les 1200 écus pistoles aux 300 nouveaux quatrains ou 1200 décasyllabes de la troisième édition (1558), comme l'a noté Ruzo (1962, p.77-78 ; 1982, p.36). Les 1419 écus sol devraient symboliser les 286 ou 289 nouveaux quatrains des deux versions de la deuxième édition (1557), et le reste des pièces, de 11 sortes, les quatrains des almanachs. Ces dernières font en effet un total de 169 pièces (= 36 + 79 + 4 + 2 + 1 + 1 + 8 + 10 + 17 + 8 + 3), et les almanachs contenant théoriquement des quatrains prophétiques ont été publiés par Nostradamus de 1555 à 1567, soit pendant 13 ans, à raison de 13 quatrains par an (un quatrain pour l'année en cours et un quatrain par mois pour chaque almanach).

En rassemblant les valeurs des écus restants, en progression numérique de 1 à 8, et en les additionnant aux 1419 écus sol, on obtient la somme de 1430 écus (1419 + 1 + 2 + 4 + 8/2), qui, divisée par 5 (5 sortes de pièces), ou encore multipliée par 2 (car il s'agit de la deuxième édition) puis divisée par 10 (comme le suggère Ruzo), donne 286, soit le nombre de nouveaux quatrains de l'édition 2B.

1 écu du roi Louis
2 lions d'or en forme de vieux écus
4 vieux écus
8 demi-écus sol = 4 écus sol
1419 écus sol

TOTAL = 1430 écus
 

Un second décompte des mêmes pièces, cette fois en tenant compte du nombre de pièces et non de leur valeur en écus, et en leur ajoutant la médaille d'or (valant 2 écus comme le précise Nostradamus, donc assimilable à la série des écus) et les 10 impériales, donne un total de 1445 pièces, qui, divisé cette fois encore par 5, vaut exactement 289, soit le nombre de nouveaux quatrains de l'édition 2A (exemplaire de la B.U. d'Utrecht).

1 écu du roi Louis
2 lions d'or en forme de vieux écus
4 vieux écus
8 demi-écus sol
1419 écus sol
1 médaille d'or valant 2 écus
10 impériales

TOTAL = 1445 pièces
 

Ces 11 pièces de 2 sortes (la médaille d'or et les 10 impériales) -- et je renvoie au CN 176 pour l'importance de cet agencement (11 et 2) dans l'économie du Testament --, dont je me sers avec Ruzo pour le décompte précédent, devraient se retrouver logiquement dans un deuxième décompte, ce que Ruzo n'a pas vu. En effet, quelles sont les pièces restantes ?

36 nobles à la rose
79 angelots
8 florins d'Allemagne
17 marionnettes
3 portugaises

En leur ajoutant les 11 pièces, c'est-à-dire la médaille d'or et les 10 impériales, on obtient un total de 154 pièces (36 + 79 + 8 + 17 + 3 + 1 + 11), soit le nombre connu des quatrains des Almanachs (cf. l'édition Chevignard de 1999). On notera encore que le nombre de quatrains des Almanachs vaut 11 fois 14, ou encore 14 fois 11, i.e. les 10 impériales et la médaille d'or.

Les 36 nobles à la rose représentent les 12 quatrains parus dans chacun des Almanachs pour les années 1557, 1558 et 1560. Les 79 angelots représentent les 79 quatrains parus dans les Almanachs pour 1562, 1563, 1564, 1565, 1566 et 1567 (le dernier contenant un quatrain terminal). Les 10 impériales et 3 portugaises représentent les quatrains parus dans la Pronostication pour l'an 1555 (cf. le rôle particulier des quatrains chiffrés pour Mai, Juillet et Août 1555 au CN 169). Enfin les 8 florins, 17 marionnettes et la médaille d'or (le quatrain de l'an 1561) représentent les 26 quatrains des Almanachs pour 1559 et 1561.

Un autre indice concernant ce dispositif reliant les deuxièmes éditions Antoine du Rosne aux quatrains-présages est la mention de 300 quatrains nouveaux au sous-titre des éditions de 1557 : "dont il en y à [sic] trois cents qui n'ont jamais esté imprimées". Une coquille volontaire, pour attirer l'attention du lecteur et mettre sa sagacité à l'épreuve ? On peut l'envisager, d'autant plus qu'elle se retrouve dans les deux exemplaires, et que l'utilisation de la préposition accentuée, "à", plutôt que l'auxiliaire, suggère un but ou une destination: "jusqu'à", "à destination de", "pour atteindre les" ... 300 quatrains. Quoi qu'il en soit, il manquerait 11 quatrains (300 - 289) dans l'édition 2A, et 14 (300 - 286) dans l'édition 2B, pour satisfaire la mention, à moins que la dite mention s'applique d'abord et aussi à la future troisième édition, celle de 1558 qui serait parue chez le même éditeur lyonnais Antoine du Rhône. Or, dans mon précédent texte (cf. CN 176), j'ai montré que les nombres 14 et 11 avaient justement été choisis par Nostradamus pour coder le nombre des quatrains-présages des Almanachs, à savoir 154 = 11 × 14, ou encore 154 = (13 + 1) × (13 - 2), ces nombres 1 et 2 illustrant le même décalage que dans les éditions 2A et 2B ! Mais on peut tout aussi bien les évacuer en ne conservant que le nombre 22 du Testament et l'irrationnel π (PI) : 154 = 22 × 7, ou encore 154 = 22 × 22/π. Ainsi se confirme la liaison cryptée entre les nombres de quatrains des éditions de 1557 et des Almanachs, qui sont les deux pans du corpus laissés volontairement "inachevés".

En conclusion les 1096 quatrains authentiques et connus des Prophéties et Almanachs, autrement dit les 353, 286 + 3, et 300 quatrains puis nouveaux quatrains des trois éditions successives des Prophéties, et les 154 quatrains des Almanachs, sont indiqués dans le décompte des pièces de l'héritage, à l'aide d'opérations relativement simples, cependant légèrement plus sophistiquées lorsqu'il s'agit des éditions 2A et 2B des Prophéties, elles-mêmes sujettes à d'ardentes controverses. Ce qui est remarquable, c'est que l'organisation structurelle plus ou moins complexe des pièces reproduit celle des éditions des textes, notamment pour les éditions 2 et pour les quatrains en vers parfois nommés Présages dans les Almanachs. Et en résumé, les ducats représentent les quatrains de la première édition des Prophéties (Macé Bonhomme, 1555), les écus sol les nouveaux quatrains apparus dans les deux moutures de la seconde édition (1557), les écus pistoles les 300 quatrains de la troisième édition (qui constitue le second livre des Prophéties en 1558), et les autres pièces représentent les quatrains parus séparément dans les Almanachs successifs.
 
 

Pièces du Testament Équivalence Opération Total Nouveaux quatrains Nombres du Testament
101 ducats 101 101 353 Édition 1 = (13 × 13) + (22 × 22) - 300
126 doubles ducats 126 × 2 252
1 écu du roi Louis 1 1430 / 5 (5 pièces)
(valeur en écus)
286 Édition 2B = (13 × 22)
2 lions d'or en forme de vieux écus 2
4 écus vieux 4
8 demi-écus sol 8 / 2 = 4
1419 écus sol 1419
-- les mêmes pièces --
1434 1445 / 5
(nombre de pièces)
289 Édition 2A = (13 × 22) + 3
+ 1 médaille d'or 1
+ 10 impériales 10
-- 1 médaille + 10 impériales --
1 + 10
154 154 Almanachs = (7 × 22) ou (22 × 22/π)
36 nobles à la rose 36
79 angelots 79
8 florins d'Allemagne 8
17 marionnettes 17
3 portugaises 3
1200 écus pistoles 1200 1200 / 4 (4 vers par quatrain) 300 Édition 3 = (13 × 13) + (22 × 22) - 353


L'écu valait 50 sous dans les années 1560. La valeur totale des pièces en écus calculée par Nostradamus, à savoir 3444 écus et 10 sous, vaut 1096 fois le nombre π (PI), ce qui justifie par ailleurs, comme l'a vu Ruzo, que les quatrains devront être agencés sur un ou plusieurs cercles dans les étapes ultérieures du décryptage. Plus précisément : 3444.20 / π = 1096.32 (approximation 0.03%). En fait il y a un décalage d'exactement 1 écu (3443.20 = 1096 π), ces nombres 1 (ici, la différence d'un écu) et 10 (ici, la valeur décimale en sous) étant les mêmes que ceux ayant servi au délicat décryptage du nombre de quatrains des éditions 2. (On a aussi, si l'on admet le sou comme valant un centième d'écu, 3444.10 = 31 × 111.1, soit 31 fois "quatre 1", i.e. quatrain). Et cette même somme, 3444.20, divisée par 12, égale 287.017, un nombre intermédiaire entre 286 et 289, le nombre de nouveaux quatrains ajoutés dans les deux versions de la 2e édition.

A moins qu'on nous démontre que le Testament de Nostradamus soit un faux, nous voyons dans ce document la confirmation de l'authenticité des éditions successives des Prophéties de Nostradamus, celle de 1555, celles de 1557, et celle de 1558, perdue. Et pour répondre aux détracteurs, démolisseurs et déconstructeurs de tous poils, on admettra que, dans ces conditions, soit le Testament de Nostradamus est un faux qui s'ajouterait aux supposées fausses éditions des Prophéties des années 50-60, soit le Testament a été écrit par Nostradamus en complicité avec de supposés faussaires contemporains de son oeuvre, ce qui est absurde.

J'invite le sceptique à tester ces curieuses "coïncidences" à l'aide d'un petit programme susceptible de lui fournir aléatoirement une série de 15 entiers naturels, de préférence par groupes, par exemple de 5 nombres (entre 1 et 5), de 4 nombres (entre 6 et 20), avec répétitions éventuelles, et de 4 encore (entre 21 et 200), enfin de 2 (entre 1000 et 2000). Je gage qu'aucune des mille premières séries générées par cet exercice (que je soumets aux esprits supposés forts, mais stériles, auxquels mes supposées "pirouettes arithmétiques" n'ont pas eu l'heur de plaire ; cf. Nostradamus: L'éternel retour, Gallimard, 2003) ne puisse faire apparaître des équations satisfaisantes et relatives aux différents regroupements de quatrains.

L'intelligentsia rétribuée des universités et centres de recherche (cf. Feyerabend, Science in a free society, et Guinard, Astrologie : Le Manifeste, CURA, 1999) est généralement hostile aux investigations cryptographiques. Ainsi un Jean Céard, directeur d'une thèse d'Halbronn et préfacier de l'excellent Répertoire raisonné de Benazra (1990), même s'il n'a pas tort de vouloir remplacer "infinis" par "infims" dans le vers II 47-B (variante déjà relevée en 1867 par Anatole Le Pelletier, non "Antoine"), prend prétexte des coquilles d'impression constatées dans les premières éditions pour refuser toute indication ou connotation d'ordre cryptographique (p.VIII et VII). Si les Essais de Montaigne "désenseignent" la sottise (p.IX), comme le rappelle, après Marie de Gournay, la "fille d'alliance" de Montaigne, le "cruel" Céard (qui nous dira peut-être un jour comment désenseigner la lâcheté ...), il n'est pas certain que Montaigne se faisait de la cryptographie la même idée que nos universitaires modernistes (cf. Guinard, Mémoire et Extinction dans les 'Essais', Mémoire de Maîtrise, Université de Nanterre, 1981), car les figures de style, les métaplasmes, et les procédés cryptographiques, pour les écrivains de la Renaissance, étaient plus que de simples jeux de mots et de langage, mais le principal outil de mise en perspective et d'auto-référencement du texte, à commencer par le quatrain nostradamique, qui est en soi une sorte d'icône, ou de médaillon, non pas de nature commémorative, mais d'inspiration et d'aspiration prospective. La question n'est donc pas de savoir si ces recherches cryptographiques plaisent ou non à nos idéologues, mais si elles étaient familières et pratiquées par les hommes de la Renaissance, et hic en l'occurrence par Nostradamus.
 

Le nombre final des quatrains du Corpus

Nous n'avons pour l'heure retrouvé que ce qui était connu, à savoir le nombre des quatrains publiés par Nostradamus dans ses différentes éditions des Prophéties et des Almanachs. Je vais désormais essayer de cerner, à l'aide des mêmes outils, procédés et raisonnements, ce qu'il a réussi à voiler pendant près d'un demi-millénaire. Il n'y a vraisemblablement jamais eu d'édition à 1000 quatrains, solution simplissime pour esprits paresseux. La mention par Antoine Du Verdier, en 1585, de l'existence d'une édition de "Dix Centuries de Propheties par Quatrains" n'implique absolument pas que ces Centuries aient été toutes "complètes".

Le péruvien Daniel Isaac Ruzo suppose que le corpus prophétique nostradamique est composé exclusivement de quatrains (1982, p.235) et qu'il est entièrement édité du vivant de l'auteur entre 1554 (Almanach de 1555) et 1566 (Almanach de 1567), y compris les Prophéties, soit en l'espace de 13 ans (1982, p.245). En outre il admet l'existence d'éditions lyonnaises des Prophéties en 1556 et en 1558, celle d'éditions jumelles avignonnaises, et celle encore de 13 quatrains prophétiques, perdus, inclus dans l'Almanach de 1556, très improbable à mon avis.

Or, je ne me satisfais pas du nombre total de quatrains connus, à savoir 1096, que Ruzo lui-même a tenté de "raboter obscurément" (et à ramener à 1080), afin de corroborer son idée d'une projection circulaire des quatrains en relation avec les supposées ères précessionnelles. Son élimination d'un certain nombre de quatrains me semble extrêmement spécieuse et sa répartition des quatrains est injustifiée (Ruzo, 1982, p.52-54). Je pense au contraire qu'il faut ajouter un certain nombre de quatrains aux 1096 parus.

En effet, un double détail a été laissé à l'écart au cours de ces analyses : les équivalences de valeur données pour la médaille d'or (valant 2 écus) et pour les portugaises (valant globalement 36 écus). Il s'agit de valeurs globales, autrement Nostradamus l'aurait spécifié comme il a ordonné de le faire pour les 36 nobles à la rose (valant chacun 11 florins), puis de le biffer au registre 675. Au total 4 pièces (1 médaille et 3 portugaises) en valent 38 (2 écus et 36 écus), ce qui incite à ajouter cette différence de 34 au nombre de quatrains du corpus. Ainsi le total de quatrains à prendre en compte ne serait pas de 1096, mais de 1130, à savoir 1096 + 34. On retrouve encore ce total de 1130 quatrains en soustrayant au nombre 1419 se rapportant à la deuxième édition, le nombre total de nouveaux quatrains de cette édition, à savoir 289. Soit 1419 – 289 = 1130.

Dans son article de 1962, Ruzo a calculé le montant des mandats et legs laissés par Nostradamus dans son Testament : 4 cierges d'une livre chacun pour ses obsèques, 10 sous pour 13 pauvres, 1 écu aux Frères de l'Observance de Saint-Pierre, etc. soit, avec l'écu à 50 sous ou encore à deux livres et demi, la somme totale de 2217 écus et 8 sous (Ruzo, 1962, p.76 ; 1982, p.59-60). A la somme totale des pièces d'or (3444 écus 10 sous), Ruzo a ajouté le montant des crédits et gages à son actif (1600 écus), soit un total de 5044 écus 10 sous, soit environ 12.610 livres. Nostradamus, qui s'est fait continuellement dépouiller par ses éditeurs compte tenu du succès colossal de ses publications annuelles, reste en possession d'une fortune modeste, comparée à celle de Montaigne par exemple (30.000 livres auxquelles s'ajoutent les 60.000 livres de sa propriété ; cf. Payen, 1856, p.35) ou même celles d'un habile négociant ou d'un notable ayant rentabilisé sa charge.

Puis Ruzo a soustrait le montant des mandats et legs (3444 écus 10 sous + 1600 écus – 2217 écus et 8 sous = 2827 écus 2 sous) et remarqué que ce montant final, à partager entre ses trois héritiers principaux, sa femme Anne Ponsarde et ses aînés César et Magdeleine, donc à diviser par trois, donne un résultat de 942 écus, soit le total des quatrains des Prophéties, à 1 écu et 2 sous près, qui représentent assurément la différence de 3 quatrains des éditions 2A et 2B, c'est-à-dire le quatrain latin et les deux quatrains supplémentaires 41 et 42 de la centurie VII de l'exemplaire d'Utrecht, et non comme le croit Ruzo, les quatrains dits 43 et 44 de la centurie VII publiés dans l'édition Jean Didier (Lyon) de 1627 (voir Benazra, Répertoire, p.188). Ruzo les suppose apparus dans les éditions d'Avignon, à l'existence discutable, et les retient d'ailleurs à contre-coeur, justement parce qu'ils corroboreraient son hypothèse de décryptage.

[Il subsiste encore deux décomptes auxquels je n'ai pas tenté de trouver une interprétation "numérologique" : premièrement le nombre marquant la différence entre la valeur totale des pièces de l'héritage donnée par Nostradamus (3444 écus 10 sous) et leur valeur réelle dans les années 1560 (faute de connaissance numismatique suffisante), deuxièmement le nombre total des pièces d'or, à savoir 3015. Je me contenterai de noter pour l'heure que ce dernier est immédiatement divisible par 15, c'est-à-dire par le nombre de pièces de différentes espèces, et le résultat est de 201 (= 1130 – 942 + 13). Autrement dit, le quotient du nombre total de pièces par le nombre d'espèces de pièces vaut, à 13 unités près, la différence entre le nombre total de quatrains du corpus, et le nombre de quatrains des Prophéties. Mais il n'y a que 13 types de monnaies différentes, en rassemblant ducats et double ducats, écus sol et demi-écus sol.]

J'étais parvenu à cette intuition que le nombre 1130 (soit 4520 vers ou encore 4521 vers en comptant le titre du quatrain latin à la fin de la centurie VI) devait être le nombre final des quatrains prophétiques dès le 1er juillet 1995 par un calcul très simple. Le nombre théorique de quatrains d'une Centurie, à savoir 100, ajouté au nombre théorique de quatrains d'un Almanach, à savoir 13, le tout multiplié par le nombre théorique de Centuries (et aussi celui des almanachs contenant des quatrains décasyllabiques) est égal à 1130. Soit (100 + 13) × 10 = 1130.
Le nombre 1130 est encore atteint en utilisant les seuls nombres du Testament 13 et 22, à savoir 1130 = (13 × 13) + (13 × 13) + (22 × 22) + (13 × 22) + 22 !
Et on a encore 1130 = (13 × 100) / (2 × (10 - 3 π) ), avec PI (= 3.1416), 13 (= nombre du Testament et nombre de quatrains d'un almanach), 100 (= nombre de quatrains d'une centurie), 2 (= aux 2 livres des Prophéties et aux 2 corpus principaux de quatrains, Prophéties et Almanachs), et 3 (= nombre du Testament, et nombre des trois éditions successives des Prophéties).

Un curieux relevé des positions planétaires figure dans l'épître à Henry, datée du 27 juin 1558 : "apres quelque temps & dans iceluy comprenant depuis le temps que Saturne qui tournera entrer à sept du moys d'Avril jusques au 25 d'Aoust, Iupiter à 14 de Iuin jusques au 7 d'Octobre, Mars depuis le 17 d'Avril jusques au 22 de Iuin, Venus depuis le 9 d'Avril, jusques au 22 de May, Mercure depuis le 3 de Fevrier, jusques au 24 dudit. En apres du premier de Iuin jusques au 24 dudit & du 25 de Septembre jusques au 16 d'Octobre" (texte de l'édition B de Benoist Rigaud datée de 1568, ca. 1572).

Ces relevés des périodes de rétrogradation planétaire (et Nostradamus écrit : "qui tournera entrer") étaient usuels dans la confection des almanachs, par exemple au début de La grande et vraye pronostication nouvelle pour l'an 1543 de Maistre Seraphino Calbarsy, un pasticheur qui s'affuble d'une anagramme de 'Phrançoys Rabelais' (cf. Rabelais, Oeuvres complètes, éd. Mireille Huchon, Gallimard, 1994, p.951-952). Pierre Brind'Amour (1993, p.256) a montré, après l'allemand Christian Wöllner (1926), que ces périodes de rétrogradation correspondent à l'année 1606, et que les jours de rétrogradation ont été empruntés à l'Ephemeridum novum de Cyprien Leowitz, paru à Augsburg en mars 1557. Pour la première période mercurienne, Leowitz indique bien les 3 et 24 février, mais pour la période martienne, il mentionne le 23 et non le 22 juin.

L'idée m'est venue de calculer le nombre de jours restitués pour chacune des sept périodes mentionnées, car les 140 jours séparant pour l'intervalle saturnien le 7 avril du 25 août, quelle que soit l'année considérée, rappellent les 140 présages authentiques en vers publiés par Chavigny. En poursuivant le décompte, on obtient pour Jupiter 115 jours, pour Mars 66 jours (du 17 Avril jusqu'au 22 Juin), pour Vénus 43 jours, et pour Mercure 21, 23 et 21 jours, soit 65 jours cumulés. En multipliant chacun de ces nombres par les 7 premiers entiers, dans leur ordre d'exposition, on obtient une nouvelle fois la somme de 1130. Soit : (140 × 1) + (115 × 2) + (66 × 3) + (43 × 4) + (21 × 5) + (23 × 6) + (21 × 7) = 1130

En effectuant la même opération, mais en comptant globalement la période mercurienne, soit 65 jours qu'on multipliera par 5, on obtient la somme de 1065, soit 1000 + 65. Ce nombre 65, qui vaut 13 fois 5 (planètes), est bien le nombre clef de ce dispositif, puisqu'en l'additionnant au nombre 1065 nouvellement obtenu, on obtient à nouveau le nombre 1130.

En reprenant maintenant les nombres du Testament, et notamment 13, son inverse 31, et 22, on obtient l'équation triviale : (13 × 13) + (31 × 31) = 169 + 961 = 1130, à rapprocher de mes précédentes observations, à savoir : (13 × 13) + (22 × 22) = (353 + 300) et (13 × 22) = 286.

Il y aurait donc 15 quatrains (169 - 154) à ajouter aux 154 que contiennent les Présages, et 19 quatrains (961 - 942) aux 942 des Prophéties (sur cette question, cf. aussi le chiffrement au TFC dans l'édition de 1555 : CN 19, chap. 5). On notera que les variétés de pièces sont au nombre de 15 et que le nombre très particulier d'écus sol, à savoir 1419, répètent évidemment ces nombres. On a encore -- une curiosité --, avec les dates du Testament et du Codicille et les 13 jours de juin qui les séparent : 17 (juin) × 2 (deux actes) = 34 ; 30 (juin) / 2 (deux actes) = 15 ; 13 (écart entre les deux actes) + 6 (juin) = 19 (cf. CN 169).
 

Le dernier quatrain des Centuries : "Le pempotam des ans"

Mon attention a été attirée par le nombre "trois cens" (300) figurant au deuxième vers du dernier quatrain des Prophéties.

Le grand empire sera par Angleterre,
Le pempotam des ans plus de trois cens:
Grandes coppies passer par mer & terre,
Les Lusitains n'en seront pas contens.


Le quatrain X 100 des Prophéties est généralement interprété comme indiquant la durée de l'hégémonie britannique sur le monde, depuis Le Pelletier (1867) qui interprète le néologisme pempotam, du grec pan et du latin potens, comme signifiant "tout-puissant". Cette interprétation classique n'a guère varié, puisqu'on la retrouve sans aucune modification notoire ni explication vraiment convaincante du néologisme problématique, par exemple chez Max de Fontbrune en 1938, chez Vlaicu Ionescu en 1987, ou encore chez David Ovason en 2001.

Le terme "pempotam" n'a pas fini de réserver des surprises puisqu'il apparaît encore, différemment orthographié, dans des contextes très divers, et semble désigner, un homme, un peuple ou une région : au second vers du présage pour Août 1558, "Les Razes pris : esleu le Pempotan" ; au premier vers du quatrain VIII 97, "Aux fins du VAR changer le pompotans" (cf. mon Nostradamus de 2011, p.156-157) ; dans la préface à Henry, "comprenant le Pempotam la mesopotamie de l'Europe".

L'année 1588, date de la destruction par le vice-amiral Francis Drake de "l'invincible Armada" de Philippe II d'Espagne, marque le début de la suprématie anglaise, militaire (copies) et maritime (cf. Le Pelletier, Ionescu et Ovason). Max de Fontbrune préfère l'année 1603 qui marque la création de la Grande-Bretagne par Jacques Ier d'Écosse. En effet la réunion de l'Écosse et de l'Irlande à l'Angleterre peut être légitimement interprétée comme le début politique du futur "grand empire".

On peut aussi admettre la date de 1585. Dès le début du XVIe siècle, espagnols et portugais commencent à se partager le "nouveau monde" et certaines régions de l'ancien: c'est le début de l'européanisation du globe. L'Angleterre, en débarquant ses premiers colons sur l'île Roanoke (en Virginie) le 17 août 1585 et en y fondant sa première et éphémère colonie, brise l'hégémonie des "Lusitains" (du latin Lusitania, l'une des trois provinces de la péninsule ibérique, aujourd'hui le Portugal), terme employé par Nostradamus, par synecdoque, pour désigner l'ensemble des conquistadors et colonisateurs ibériques. On peut encore retenir l'année 1600, date de la fondation de la fameuse Compagnie des Indes (East India Company).

Le lecteur du XVIe siècle, à l'idée d'un grand empire, songe à l'Espagne ou au Portugal, implantés au-delà des frontières européennes, éventuellement à la France, mais certainement pas à l'Angleterre. Il n'est pas d'indice justifiant en 1558, date de la parution du quatrain, la constitution d'un vaste empire anglais, et il n'existe encore, à la fin du siècle que deux empires coloniaux, l'espagnol aux Amériques et le Portugais organisé autour de ses comptoirs côtiers au Brésil, en Afrique, en Inde et en Extrême-Orient. En 1607, après plus de vingt ans de déboires, les anglais réussissent à installer "la colonie" de Virginie autour de la ville de Jamestown qui ne compte alors qu'une centaine d'habitants. Dans l'édition d'Amsterdam de 1668, il n'est fait allusion qu'à deux quatrains présents dans les esprits, illustrés au frontispice de l'édition : l'un évoquant l'exécution du Stuart Charles 1er en 1649, l'autre la peste et l'incendie de Londres de 1665-1666. Rien sur le quatrain X 100. Et en 1672, même le médecin d'origine parisienne Théophile Garencières (1610-1680), le second traducteur anglais des Prophéties, indique pour le quatrain X 100 : "This is a favourable one for England, for by it the Empire, or the greatest Dominion of Europe is promised to it", sans bien se rendre compte alors qu'il est en fait question de l'Empire colonial britannique en formation (p.444). Non seulement l'existence de cet Empire britannique ne saurait être soupçonné au milieu du XVIe siècle, mais ce n'est toujours pas une évidence plus d'un siècle après, contrairement à ce qu'assènent les interprètes négationnistes du prophète saint-rémois. Le quatrain X-100 qui atteste indiscutablement du caractère visionnaire des Prophéties, est placé à dessein pour clore le corpus centurique. Mais le sens, devenu évident pour le lecteur moderne, en cache un autre.

Quoi qu'il en soit du début et du terme de l'empire britannique, le second vers reste obscur et délaissé par les exégètes. En effet pempotam, n'est pas pan-potens ni même pampotent, et Nostradamus n'écrit pas Le pempotam [sera ou durera] plus de trois cens ans, mais Le pempotam des ans [est ou sera] plus de trois cens. Ces 300 pourraient désigner les quatrains de la dernière partie des Prophéties, parue avec une pagination séparée, auxquels doivent être ajoutés quelques unités, et Nostradamus est cohérent en indiquant l'existence de ce supplément isolé, cette "Angleterre", précisément dans le dernier quatrain de son oeuvre publiée. Si l'on retient avec le premier Fontbrune et selon un critère politique, la date de 1603, on admettra que 1922, année de la proclamation de l'État libre d'Irlande, marque la fin symbolique de cet empire. Soit un total de 319 ans.

Ainsi un peu plus de 300 quatrains, en l'occurrence 319, composeraient la dernière partie des Centuries. Mais quel est ce pempotam des ans ? Peut-être une anagramme de mappemot, un équivalent historique du globe géographique, cette mappemonde de vocables agencés en quatrains décasyllabiques que sont les Prophéties, et qui déroulent les années dans un schéma circulaire, selon une idée chère à Ruzo. Ainsi l'expression "pempotam/mappemot" (ou encore "mappetom(e)", du grec "tomos" ou du latin "tomus", soulignant les divisions ou portions du corpus), choisie par le salonnais pour désigner son oeuvre prophétique, indique sa toute puissance, celle d'une cartographie de l'histoire, qui reste encore aujourd'hui à l'état de puzzle.

Les copies peuvent s'entendre dans leur sens moderne, et les lusitains au sens du verbe latin lusitare (jouer souvent, se moquer). Ainsi peut-on risquer cette interprétation du quatrain, qui double la précédente (grâce au deuxième vers du quatrain) : Le corpus prophétique sera complet grâce à un supplément de quelques quatrains. Cette fidèle cartographie chronologique comprendra plus de 300 quatrains dans sa dernière section. Et des exemplaires en seront diffusés sur tous les continents, ce qui fâchera les moqueurs.

Le quatrain X.100 est remarquable par son double sens et son double contexte référentiel. Il se pourrait que chaque quatrain ait été bâti sur ce modèle. Comme je l'ai signalé au Congrès du CURA en décembre 2000, chaque quatrain serait un texte à deux faces -- un Janus selon l'image de Chavigny --, l'une tournée vers le passé, l'autre vers le futur, ou bien même toutes deux tournées vers le futur, comme dans le cas présent. C'est peut-être ce que le fanatique Daguenière avait compris, dès 1558, qualifiant le prophète de "fol à double rebras". Ainsi pourrait s'expliquer la divergence des interprétations, le léger décalage existant entre une interprétation donnée et son objet, et aussi qu'on puisse retrouver la chronique des événements passés, notamment de l'histoire romaine, comme l'annonce des avènements futurs.
 

Les derniers quatrains de Nostradamus

Dans mon précédent article (CN 176), j'avais fait observer que l'écart de 58 jours séparant les Achevés d'imprimer des deux éditions Antoine du Rhône de 1557, loin d'être aléatoire, symbolisait le nombre de quatrains manquants aux Prophéties pour atteindre la milliade. Considérons à présent l'écart entre les Achevés d'imprimer des deux premières moutures de l'ouvrage, l'édition de Macé Bonhomme et la première parution Antoine du Rhône, c'est-à-dire entre le 4 mai 1555 et le 6 septembre 1557. Il est de 2 ans et 125 jours ; les deux ans symbolisent les deux éditions, et 125 est égal à 5 élevé au cube, soit 5 × 5 × 5 (cf. aussi, sur le chiffrement des achevés d'imprimer et des dates des deux épîtres, CN 90).

Le nombre 3, utilisé pour ce codage, est bien évidemment l'un des trois nombres du Testament, et la répétition des trois '5' se retrouve dans l'année de parution de la première édition. Mais il y a plus : l'écart en jours est de 855, soit 3 × 15 × 19, ces deux derniers nombres indiquant les quatrains à rajouter aux trois groupes de quatrains publiés. [En réalité l'écart est de 856 jours, car l'année 1556 est bissextile. Le décompte précédent ne vaut donc qu'à une unité près.]

En effet, les Prophéties ont connu trois moutures ; les quatrains publiés peuvent être répartis en trois "livres" (les premières centuries assemblées en un premier livre, les centuries VIII, IX et X assemblées en un second livre, à pagination distincte, et les quatrains des almanachs et pronostications) ; et l'ensemble des quatrains du corpus appartiennent désormais encore à trois groupes : ceux des Centuries, ceux des Almanachs, et le groupe des quatrains additionnels, précisément au nombre de 15 et de 19.

[On retrouve les nombres 15 et 19 en rapport avec le dernier quatrain des Prophéties, le quatrain aux "plus de trois cens", avec les dates 1585 (première colonie anglaise) et 1600 (fondation de la Compagnie des Indes), soit 1585 + 15 = 1600, et 1600 + 300 + 19 = 1919 -- fin de la première guerre mondiale et déclin de l'Angleterre.]

Ces 34 quatrains (2 fois 17) sont aussi codés par le nombre de nouveaux quatrains imprimés dans la première édition Du Rosne de 1557 : à savoir 289 = 17 × 17.

Quels seraient ces 34 quatrains supplémentaires ? Il y a plus d'une cinquantaine de candidats dans les écrits annexes et dans les textes parus postérieurement, parfois sur les indications données par Nostradamus lui-même, notamment à son jeune secrétaire Chevigny, lequel, en 1594, fera paraître La premiere face du Janus françois sous le nom de Jean-Aimé de Chavigny. On peut penser notamment aux 13 quatrains, 2 à la "centurie XI" et 11 à la "centurie 12" (sur l'importance de ce découpage '11 / 2', voir mon précédent article), reproduits dans son Janus Gallicus.

177A Or il existe précisément 34 quatrains, répartis en 10 quatrains autobiographiques et 24 quatrains prophétiques, dans un étrange document intitulé Voicy l'Histoire veritable de l'ouverture du Tombeau de Michel Nostradamus, lequel a esté ouvert le 5e. jour de janvier 1688 avec son Epitaphe ... (Paris, Veuve Charmot), non signalé par Benazra dans son Répertoire mais disponible sur le site Gallica. Ce seraient, d'après l'éditeur, les derniers quatrains de Nostradamus, ceux qu'il aurait emportés dans sa tombe et qui auraient été découverts lors de l'ouverture de sa sépulture, soit un siècle avant les événements des années 1790.

Il est curieux que ce texte donne précisément 34 quatrains, présentés comme une sorte de supplément post mortem au corpus prophétique. Leur ou leurs auteurs auraient-ils percé certaines intentions du prophète, ou plus vraisemblablement, auraient-ils suivi des exégèses et hypothèses de décodage perdues ou détruites ? Un échantillon de ces quatrains :
 
II
Auparavant que je déduiray ma vie
Ma naissance & ma condition
Si j'ay eu dans mon temps bon renom,
Les envieux m'ont porté grande envie.
XX [X]
Les rebellez de la Foy Catholique
Auront grand peur de l'ardeur du Soleil,
Ils causeront un tres-grand appareil
De gros canons ; de mousquets & de piques.
XXXIV [XXIV]
Je reconnois chose certaine
Que les Turcs auront tres grandes peines
Le Grand Seigneur sans maladie
Un jour il finira sa vie.

Selon toute vraisemblance, ces quatrains sont des faux, composés de rimes embrassées sauf pour les deux derniers (les 23e et 24e de la deuxième série), alors que les quatrains de Nostradamus ont des rimes croisées. Les vers ne sont pas décasyllabiques et ne respectent pas la césure après quatre temps. Quant au style et à la sémantique, d'une banalité extrême, ils sont le produit d'un imitateur maladroit. On ne fabrique pas des quatrains "nostradamiques" si aisément. N'est pas Nostradamus qui s'en accapare le nom et les fonctions. Les théoriciens d'une conspiration de faussaires et leurs émules feraient bien de s'attacher un peu plus à la poétique et à la prosodie avant de divulguer leurs élucubrations.

Il en va de même pour le quatrain au frontispice de la Prognostication pour l'an 1567 du plagiaire et faussaire Mi. de Nostradamus (ci-dessous à gauche ; cf. CN 142) comme pour celui d'un faux Almanach pour l'An 1565 paru au nom du prophète de Salon (ci-dessous à droite ; cf. CN 223).
 
La forte race Bazanée
Veut ouvrir les portes d'arein:
Mais une heureuse destinée
Rompt le fil de son vain dessein.
L'annee de grace sera à plusieurs peuples,
En amitié seront les paysans,
La terre aura en soy beaucoup de meubles
Dont en maintz lieux en seront suffisans.

Note : Ce texte, daté du 13 juin 2003 et paru au CURA en juillet 2003, a ensuite été publié dans la revue Atlantis (N° 414, 3e trimestre 2003, p.248-259). Il est amendé, amplifié, et intégré au Corpus Nostradamus le 11 novembre 2013.
 

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Patrice Guinard: Les pièces de l'héritage :
Un dispositif de codage du nombre de quatrains prophétiques

http://cura.free.fr/26mntes3.html
16-07-2003 ; updated 30-09-2020
© 2003-2020 Patrice Guinard